Cas d’Havre Esquis
- Érotique
J’avais décidé d’être sexy ce soir pour dîner avec un homme rencontré au hasard de mes pérégrinations sur Internet. L’excitation et l’angoisse devant mon miroir, lorsque j’appliquais tout un tas de baumes pour qu’il me respire même à l’autre bout de la table pendant le dîner, me donnèrent la nausée. La boule dans mon ventre me procura pourtant la force de me corrompre en chemin, ôtant ma culotte sur le bord de quais et la balancer dans l’eau. Si tout se passait bien, je pourrais enfin éteindre cette frustration qu’il a fait monter en moi en jouant le jeu d’un flirt passif en ligne. Son bateau était arrimé brillant de guirlande d’ampoules colorées et de vivaces immenses. Dès son apparition, je l’ai voulu partout sur moi, je devais refréner mes pulsions malheureusement pour ouvrir mon appétit.
L’étrange renard argenté, séduisant dans sa panoplie de Chef m’accueillit le sourire fendu jusqu’aux oreilles. Il me mena dans ce qu’il nommait sa coquerie ; une pièce élégante, assez lumineuse, chargée en breloques exotiques et de bibelots de faux crânes, son office de cordon-bleu.
— Nous nous voyons enfin?!
Je répondis prudemment à sa banalité par un sourire niais.
— Du vin ? De la bière ? De l’eau ?
— Tu as du rhum ?
— Barbencourt ou voudrais-tu tenter une surprise ?
— J’adore être bousculée, pourquoi pas les deux ?
Sur le canapé en cuir rouge, je me suis posée face à sa kitchenette, observant sincèrement impressionnée par la dextérité de ses mains la préparation du dîner. Sa paume caressait la viande d’une drôle de façon et il me lançait des œillades assez enflammées, cela me dérida.
Je m’enivrais doucement avec le rhum épicé qu’il avait rapporté d’Hawaï apparemment. Croisant et décroisant mes jambes, m’enfonçant de plus en plus dans la matière criante de la méridienne sous mon poids. Désinhibée par l’ivresse, je sirotais mon verre comme si c’était un soda, concevant déjà toutes sortes de choses plus brûlantes que la plaque qu’il venait d’allumer. Il fit bientôt une chaleur indécente et tout en continuant à l’écouter palabrer aussi bien avec ses mains et son couteau, je cherchais à percevoir sous son tablier de peau l’amorce d’une bosse quelconque jusqu’à l’imaginer nu, enhardi par les effluves du Clairin. J’ôtais mon veston, dévoilant un décolleté pailleté, une poitrine sans carcan, le tissu frôlant mes bouts à chaque mouvement.
J’étais échauffée. J’étais insensée.
Je me redressai, m’ennuyant un peu loin de cette scène de cuisine se voulant mystérieuse. Il me présenta ses ingrédients, mais mon regard lorgnait béatement du côté de ses bras nus, couverts de tatouages. Je les voulais contraignant mon corps étalé sur le plateau de légumes qu’il arasait depuis mon arrivée.
Je vis des glaçons dans un bol, sans doute pour un cocktail fruité et givré. Tout était méticuleusement disposé, accaparant mon esprit tordu vers le plat qu’il voulait me dédier. Mais je recouvrais mes esprits. Je lui faisais face avec toute l’assurance que je pouvais feindre, contenant mes mots acerbes, je voulais lui ordonner de façon plus abrupte de baisser son froc. Je crois que le message était limpide, il se laissa totalement happer dans mon délire. N’étais-je pas venu pour ça ?
— Je pensais volontiers être le plat principal.
Tout juste Sherlock !
Je m’approchais de lui, l’étreinte provoqua la bascule, je ne voyais plus aucun obstacle entre moi et l’espar reposant sous le tablier. Nos langues se bousculèrent à l’envie pour se déchaîner, je me grattais les joues à sa barbe grisonnante, débouclant au passage la ceinture lourde orné d’une tête de mort. Qu’il était sublime, mon cuistot la bite en point d’exclamation contre son ventre.
— Exit les hors d’œuvre ?
— C’est un hors d’œuvre.
J’étais à présent sur un terrain connu. Contre lui, résistant le plus longtemps possible à l’appel du mat que j’effleurais du bout des doigts pendant un moment.
— C’est diabolique.
Je m’agenouillais lentement, le corsaire raide au supplice de mes caresses, pour le prendre tendrement à mi-chemin de son affolement. Me perdant totalement dans la douceur de ses va-et-vient, les yeux fermés, annoncant bientôt les méduses blanches, qu’il raclait du fond de ma gorge avec sa queue majestueuse. Je l’avoue, j’aurais pu me perdre longtemps dans cette adoration, mais les glaçons n’avaient pas déserté mon esprit. Les plaçant dans ma bouche, je retournais à ma douce besogne sans me préoccuper de ses doutes concernant la pratique. Pourtant dès que je glissais à nouveau sa trique dans ce gouffre refroidi, il hurla de plaisir. Je coupai court à toute protestation lorsque je me relevais pour observer sa cuisine, délaissant la scène.
— Que prépares-tu ?
Il tentait de m’expliquer l’exécution d’un plat, son trident collé à mon cul, susurrant des mots honteusement égrillards. Je sentais son corps se tendre entre mes fesses, et sa respiration devenait intense. Alors de manière spectaculaire, le volcan en moi implosa pour couler le long de mes cuisses en geyser court.
— La préparation est assez épicée.
— J’aimerais la savourer s’il te plaît.
Il me goûtait étirant à merveille entre ses lèvres soyeuses les corolles de mon sexe amoureux. Je caressais légèrement le clitoris tout chaud qui se boursouflait sous mes assauts, vibrant sous ses coups de langue comme un cœur battant. Ici, bouillonait mon univers. Avec ma main inoccupée, j’engageai sa tête dans les limbes de mon régal, soupirant de délices.
Remontant le long de la fente brillante de salive, son souffle âpre sur mon bas-ventre me fait tout d’abord couiner, au bout d’un certain temps je commence à haleter, puis il me retourne brusquement avide, me traitant de petite pute, je lui rends la pareille ce qui l’amuse un moment avant qu’il plaque sa main contre mon dos, m’incitant à me pencher, coucher mon buste sur le granit, lui soumettant mes fesses, entrouvrant mes jambes avec ses pieds. Je suis exposée dans sa cuisine comme une vulgaire pièce de boucherie, la chatte baveuse tachant son carrelage. Je refusais de supplier, son regard sur mes parties suffisait à me faire jouir, en était-il de même pour lui ? Je suis indocile, je m’entêtais et ne restais pas en place, offrant à sa vue, ma vulve écartelée. Je voulais dire « fourre-moi », c’était superflu. Il se débarrassa de son pantalon, mais garda son tablier qu’il remonta afin que je puisse me délecter à la vue de sa queue me pénétrant. Les premières fois me font toujours dériver loin dans un ailleurs planant, ce fut particulièrement jouissif avec lui, car il prenait son temps, me pinçant l’extrémité des seins et de ma crête lubrifier.
La saillie de son bassin m’hypnotisait, ces allers-retours qui modulaient la vitesse de ces coups de reins, cherchant à m’arracher des plaintes. J’éructais, j’écumais, ordonnant mon martyre consenti, il essuyait l’excédent avec sa langue puis recommençait à me lapider les tréfonds. Dans ces yeux, il y avait un éclat fou qui me faisait perdre la tête.
C’était exquis quand il était sur le point d’abdiquer ; prêt à venir, il sortait sa queue des eaux pour retarder l’inévitable. Je l’entendais baragouiner entre ses dents serrées comme il était bien dans ma petite chatte serrée et reprendre ses esprits.
— Retourne y !
Tremblant, il plongea à nouveau avec moins d’ardeur, par ondulations brèves. Je devenais la braise et lui façonnait son abandon, ressortant plus vaincu que jamais.
— Je veux t’avaler, je veux t’avaler…
— Laisse-moi encore à l’intérieur de toi. Bon sang ! Ton hydromel, ton enfer, j’aimerais me perdre tout au fond.
Avec un mouvement ample des lombes, il manœuvrait dans les profondeurs et resta collé contre moi, fixant mes pupilles se retourner de plaisir.
— Encore un peu, plus fort, plus fort.
Je jouissais à bouillon, éclaboussant son tablier, prise de convulsions des pieds à la tête à l’exécution de sa danse terrer au fond de mon trou balbutiant.
Je riais, libérée, davantage affamée que crevée. Flattant ses cheveux et sa barbe drue, ses yeux s’accrochant au mien, il se branla dans mon coffre aux trésors. Bientôt, sa queue sortit accidentellement et il perdit la partie. Je sentis son jus sur mon aine et sans tarder, je le repoussai contre le plan de travail pour récolter la sauce mijotée dans notre brasier. Ses râles me firent jouir de nouveau, mais je n’avalais pas. Dans ma bouche, je jouais avec son sperme, je tendis la langue pour éclore en pétale scandaleux. Sans le quitter des yeux, par pure impudence, je laissais tout couler sur mon menton inondant mon buste ; frémissant d’éprouver sur ma peau le liquide chaud. Celui-ci me glissait amoureusement autour des tétons et ruisselait sur le sol.
— La marinade était plaisante.
— Alors il faut passer à la suite.
— Ce sera plus ardu, il est tôt pour fourrer la volaille non.
— Jamais assez…
- Autrice Paracelsia
- Crédit Photo Zap Ann