Paracelsia
Le Saigné

À Peau Crie Feu / Battle D.

Lettre 1

Mon améthyste aux mains pleines,
devient l’aurore couturée de mes morsures.
À la naissance de ta peau de neuvaine,
cours cette barbe argentée de diaprures.
Ma langue crépitée de tes désirs véniels,
je me perds dans tes éruptions de giclures.

Lettre 2

J’ai tellement envie de te monter dessus, que je me prends à jouir à la simple évocation de ta queue s’égarant dans le fourneau de mes désirs inachevés.

Espérant sans cesse combler le vide dans ta bouche avec ma langue ardente, suivie de mes doigts brodés de mes perles salivantes ; je m’anéantis, délirante, dans un sanglot de voix.

Je voudrais davantage me déhancher exagérément sur ton pieu emmiellé de ton or blanc.

Ces souvenirs, qui vrillent le creux de mon estomac, sont autant de tes souffles enivrants sur mon aine. C’est le doux rappel de ton brasier qui espainte mes lèvres écarlates.

Lettre 3

Je souhaiterais de nouveau te révéler mon cœur et tout mon rose, chuchoter à ton oreille que tu as trompé mon âme. Je te garderais tellement plus longtemps dans mes bras pour que tu puisses croquer ma peau tandis que je te maintiendrais enfoncée, ton vier embourbé dans mon essaim de gelées cireuses.

Mon pouce sur tes lèvres, je guetterais le moindre soubresaut dans nos gestes et resterais attentive à tes gémissements doux, adorant surprendre mon nom en filigrane dans tes râles bénis. Sous tes baisers, dans le brasier de mon ventre, tu m’avais ensorcelée, possédée avec l’acier de ton regard qui cherchait les reflets du mien. Les yeux arrimés à tes eaux claires, j’inspirais tes expirations, me gonflant de tes souffles saccadés.

J’aimais tant sentir ta queue bander au fond de mon azur, me remplir jusqu’à l’agonie, purger l’amphore aux sémaphores de mes plaisirs. À notre dernière joute, ma coquille baveuse fut meurtrie par l’abandon soudain de toi. Ma source coulait sur ton épieu défait, il fallait se quitter sereins. Pourtant, tu as vu le crépuscule inonder mes larmes. La séparation proche, administrait ma folie à venir.
Dorénavant, mes nuits seront pleines de ton absence, vides de tes quêtes sur ma fleur tendue. Ma peau resterait crue de ton appétit, mon désir s’entêterait, continuellement incendiaire.

Tu sentais le foutre, tu taillais la foudre qui sourdait en moi. Tu étais ce vide inconnu dans lequel je plongeais tout entière égarée comme une novice. Cette béatitude que je croyais inaccessible, se payait au prix d’un couteau sur ma tempe à jamais.

Tu es une suffocation perpétuelle dans ma poitrine empoisonnée.

Lettre 4

Tu m’as dans ta bouche cet après-midi-là. J’ai disposé mes ailes sur ta gueule ouverte pour empaler mon fourreau sur ton fleuret soyeux. Tu m’as dévorée comme un dément, porté l’estoque avec régal, menaçant l’œillet de mon astre qui taquinait ton regard. Ta queue entre mes lèvres, j’ai pris mon temps. Ce sont des moments de grâce où je peux m’abandonner à l’adoration de ton sceptre, à la dévotion de ta raideur obscène tandis que tu te pourlèche de pacager le pistil de mes attentes. Au bord de ta cuisse, tes interstices offerts à ma langue, tes jambes sont ouvertes et mes mains étouffent tes bourses pour mieux en gober la douceur. Je me plais à soupirer sur la chair tendue du cornet, affoler ses contours et affamer ses boules de mes aspirations mouillées.

La nuit, je suis apaisée près de tes côtes brûlantes, amarrée à tes jointures pour te garder, ne plus rêver de toi comme d’une illusion. Je dors dans tes bras enfin, ton odeur pour sanctuaire, des récits improbables plein la tête inspirée par ta logorrhée abondante. Le matin, je flatte ton ventre couvert de plumes soyeuses et fais mine de frôler aussi souvent que je le peux, l’adorable ver qui m’observe de son œil unique.
La quille glisse contre ta rampe de lancement et le départ est donné ; l’animal enfle, c’est un spectacle qui émeut. L’iris coule, il écume lorsque je cherche à le dévêtir de son col cranté. Il me déguste, l’ogre à la bouche grasse de promesses. Les bruits de succion me font divaguer, tu emprisonnes avec tes bras mon bassin remuant, écartèle mes combles pour t’y fourrer complètement. Je lâche prise, m’écroule contre toi, recule pour me sentir avalée entièrement.

Pourtant, tu renonces à ma niche, d’autres îlots s’impatientent. Tu fais de moi une créature vivante et vibrante sous les mélodies de tes phalanges électriques. Sur le ventre, la joue contre la paume de ta main excitante, je ronronne pour me cabrer lorsque tu enduis le trou de sève chaude. Quel bonheur de sentir ta peau odorée l’abîme où je souhaite disparaître. Ton corps brise le mien, le souffle me manque, ma prison me plaît.

Catin toute-puissante à tes pieds, l’onde est visée à ton mât guidant notre croisière sauvage. Je lèche tes doigts, baise tes lignes de vie ; j’aimerais qu’elle soit à moi pour toujours. Quand tu dévales le gouffre, j’oublie le précipice de mes attentes.
Mes ruades t’excitent plus que tout. Griffant le sommier, je supplie la bave aux lèvres lorsque tu agrandis la serrure. J’ai hâte de sentir la liqueur de nos jouissances. En filet glaireux entre mes phalanges, je délie la cire, espérant l’ouragan qui ravagera mes tréfonds.

Ta main sur ma tête, tu te dresses dans un abysse de sensualité avant de pleuvoir dans ma gorge. Tes yeux m’ont quitté un instant, le nectar rester en réserve. Soudain, j’ai éprouvé un amour infini pour ton abdication. Sournoisement, je me suis hissée jusqu’à toi. Quel goût avons-nous ? J’ai effleuré tes lèvres et glissé l’offrande gardée en coupe dans mon palais. Ton regard est devenu flou d’allégresse, tes grognements, fous.

Mon Dieu ! Ton trésor velouté, je l’ai étalé à l’intérieur de nos fusions. Tu m’as enlacé plus fort et j’ai cru m’envoler avec toi dans un ailleurs de stupre et de plénitude.

Lettre 5

Le souvenir de ton goût merveilleux irriguant ma gorge et de ces quelques effluves qui vissaient, liquoreuses, autour de ma langue avant l’éclat sur mes lèvres.

Tu manques à ma béance indécente, mes envies incandescentes, à mon tunnel rougeoyant où tes empreintes ont laissé leurs facondes brûlantes. Ta bouche, apprenant mes rivages, a légué l’absence de tes baisers mordants en suspens sur ma peau désertée.

Dans chaque homme, je tente d’accéder à la perfection de ces moments où mes frissons, extase en sueurs diamantaires entre tes mains d’orfèvre, ont provoqué des séismes dans tes soupirs.

Je me languis de ta poitrine contre mes seins impatients, ton souffle amputé par mes inspirations incessantes. Je te respirais comme on prie, délivrais ta queue que je chérissais, jusqu’aux bourses tendres. Je m’égarais à travers l’écho de nous dans nos gémissements tremblants.
L’écrasement de nos corps, rochers duveteux s’effritant de plaisirs sous nos éboulements de caresses brouillonnes, amenait la houle déchaînée. Enroulant mes doigts contre ton flanc et tes courbes délicieuses, je me croyais atteinte d’une étrange fièvre qui s’infiltrait sous les ressorts de ta peau. Inondé de nos suées emperlées de fumées, je grignotais follement ta chair sucrée. Vertigineuse, je touchais ta corde raide et flattais ton érection grandissante entre mes fesses dont tu espérais les cabrioles sur ton visage extatique.

Dans tes yeux, j’ai observé l’aube s’épanouir, mes reins s’assouplir et mes cuisses s’ouvrir, ivres de tes lampées affriolantes. Sous ton regard ravis, j’ai étiré ma frisure renaissante et dévoilé la passion de mon giron capricieux, exaltée par tes attentions scandaleuses.

J’accueillais insatiable ton orvet plein de ton venin spumeux, inondant le nid de mon oiseau chantant ; tes succions étaient comme un miracle. Je finissais par me dérober, dépassée par un plaisir inouï, me pâmant jusqu’à l’agonie.
Tu empêchais constamment ma démission, me retenais fermement pour m’arracher des ovations étourdissantes, lorsque je tentais de fuir la tempête ravageuse.

Parfois, tu t’égarais émerveiller dans la torpeur de nos ébats. Je collais mes mains sur le bas de mon ventre pour t’y sentir loin, pénétrer cette scorie ardente et cracher ton nom, la bave aux lèvres.

Lettre 6

L’extase sur le palier de tes lèvres, c’est l’épectase divine sur les transes de tes baisers mordants qui inonde mes entrailles puis brouille ce monde rempli de toi.

M’écoulant contre ta peau d’insuline, je suis la statue de sucre qui se dissout dans ta bouche, l’épice dont tu raffoles, la colonne chocolat s’enroulant autour de toi, dégoulinant par tous tes pores.

Je me fonds, mon roi, je m’enfonce en nous et renonce à la raison pour m’éteindre lorsque tu prononces ta foi en moi. Je m’écoute à travers ton cœur, je m’égoutte sur ton sexe, tu nous goûtes sur la surface de ta langue puis dégouttes le crachat unguineux.

J’agoutte tes plaies mon désiré chagrin, lorsque tu déshabilles ta queue sur ma robe en attente. Le supplice nous dévore et tes yeux perçants transgressent la folie qui me lie à ta dilection. Tes pupilles sont des rubis chimériques qui m’emportent dans ces danses où tu me pourfends de béatitude. Archer de mon malheur, Cupidon de pacotille, tes flèches m’ont empoisonné. Pourtant, je reste la damnée en pâmoison dans l’expectation toujours vive de nos caresses de feux, de nos joutes survoltées.

Je glorifie le jour où je t’ai permis de me foudroyer, envahissant la brume de mes incertitudes, animant mes mains vers la fente dorée. J’ai eu faim de tes éclats, lune maudite au nom clair qui me chagrine, m’illumine tout autant.

La tendresse en offrande, la passion en demande, nos gémissements tremblants sur nos morsures accablantes ensorcellent nos étreintes. Oh ! Que je voudrais que ta peau d’écailles voluptueuses, soit encore mienne pour m’y empaler à nouveau, embrasser cette douleur et jouir à jamais de notre exil temporaire.

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