Tu m’as dans ta bouche cet après-midi-là. J’ai disposé mes ailes sur ta gueule ouverte pour empaler mon fourreau sur ton fleuret soyeux. Tu m’as dévorée comme un dément, porté l’estoque avec régal, menaçant l’œillet de mon astre qui taquinait ton regard. Ta queue entre mes lèvres, j’ai pris mon temps. Ce sont des moments de grâce où je peux m’abandonner à l’adoration de ton sceptre, à la dévotion de ta raideur obscène tandis que tu te pourlèche de pacager le pistil de mes attentes. Au bord de ta cuisse, tes interstices offerts à ma langue, tes jambes sont ouvertes et mes mains étouffent tes bourses pour mieux en gober la douceur. Je me plais à soupirer sur la chair tendue du cornet, affoler ses contours et affamer ses boules de mes aspirations mouillées.
La nuit, je suis apaisée près de tes côtes brûlantes, amarrée à tes jointures pour te garder, ne plus rêver de toi comme d’une illusion. Je dors dans tes bras enfin, ton odeur pour sanctuaire, des récits improbables plein la tête inspirée par ta logorrhée abondante. Le matin, je flatte ton ventre couvert de plumes soyeuses et fais mine de frôler aussi souvent que je le peux, l’adorable ver qui m’observe de son œil unique.
La quille glisse contre ta rampe de lancement et le départ est donné ; l’animal enfle, c’est un spectacle qui émeut. L’iris coule, il écume lorsque je cherche à le dévêtir de son col cranté. Il me déguste, l’ogre à la bouche grasse de promesses. Les bruits de succion me font divaguer, tu emprisonnes avec tes bras mon bassin remuant, écartèle mes combles pour t’y fourrer complètement. Je lâche prise, m’écroule contre toi, recule pour me sentir avalée entièrement.
Pourtant, tu renonces à ma niche, d’autres îlots s’impatientent. Tu fais de moi une créature vivante et vibrante sous les mélodies de tes phalanges électriques. Sur le ventre, la joue contre la paume de ta main excitante, je ronronne pour me cabrer lorsque tu enduis le trou de sève chaude. Quel bonheur de sentir ta peau odorée l’abîme où je souhaite disparaître. Ton corps brise le mien, le souffle me manque, ma prison me plaît.
Catin toute-puissante à tes pieds, l’onde est visée à ton mât guidant notre croisière sauvage. Je lèche tes doigts, baise tes lignes de vie ; j’aimerais qu’elle soit à moi pour toujours. Quand tu dévales le gouffre, j’oublie le précipice de mes attentes.
Mes ruades t’excitent plus que tout. Griffant le sommier, je supplie la bave aux lèvres lorsque tu agrandis la serrure. J’ai hâte de sentir la liqueur de nos jouissances. En filet glaireux entre mes phalanges, je délie la cire, espérant l’ouragan qui ravagera mes tréfonds.
Ta main sur ma tête, tu te dresses dans un abysse de sensualité avant de pleuvoir dans ma gorge. Tes yeux m’ont quitté un instant, le nectar rester en réserve. Soudain, j’ai éprouvé un amour infini pour ton abdication. Sournoisement, je me suis hissée jusqu’à toi. Quel goût avons-nous ? J’ai effleuré tes lèvres et glissé l’offrande gardée en coupe dans mon palais. Ton regard est devenu flou d’allégresse, tes grognements, fous.
Mon Dieu ! Ton trésor velouté, je l’ai étalé à l’intérieur de nos fusions. Tu m’as enlacé plus fort et j’ai cru m’envoler avec toi dans un ailleurs de stupre et de plénitude.